Tourmalet au deux visages

Publié le par guillaume

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Il est pour moi difficile de parler du Tourmalet. En effet, c’est un peu comme de parler de son meilleur pote ou de sa femme, on les connaît tellement bien qu’il est plus facile de voir leurs défauts que le reste !

Mais tout comme nos proches, le domaine du Tourmalet possède deux visages. Facile me direz vous, avec ses deux versants de part et d’autre du Tourmalet - Barèges et la Mongie-. Mais non, c’est un peu plus subtil que ça ; je parlerais plutôt de la corpulente usine à ski, de la ventrue usine à faire du fric, à brasser du touriste dans le plus grand anonymat pour l’opposer à la grosse machine à fabriquer du bonheur, la dodue usine à poudre, l’endroit agréable où tout le monde se connaît.

Pour parler chiffre, le Tourmalet est le plus grand domaine skiable des Pyrénées françaises avec plus de 100kms de pistes, 36 remontées mécaniques plus le Pic du Midi, domaine hors-pistes des plus captivants.

Le Tourmalet, comme disent les djeun’s, c’est mon « home spot », je pense ne pas être loin d’en connaître le moindre cm². Et il faut dire qu’ici c’est vaste. Tellement que, lors des grosses chutes de la saison, on a parfois le cœur qui redevient ultra local et on passe rarement la frontière du col du Tourmalet pour rester rider « NOS » spots.  Mais ne comptez par sur moi pour dévoiler ces spots et vous tracer tous les itinéraires sur une carte top25…. Je ne vais pas scier ma propre branche. Comme dit l’adage : pour rider heureux, ridons cachés !

Et côté Barèges, il y a de quoi faire aussi. Petit village perché à 1300m qui a su garder son caractère pyrénéen. Village longtemps isolé et plus connu, au début, pour sa station thermale et ses excellents résultats dans le domaine de la rhumatologie, la fibromyalgie ou l’ORL.  

Le spot originel de la station : le Lienz, avec la forêt de l’Ayré. Développé grâce au Feu funiculaire qui permettait d'atteindre l'altitude de 2 005m sur les flancs du pic d'Ayré (2418m). Ce funiculaire établi, au départ, pour faciliter les travaux de percement d'un tunnel long de 11km permet de capter les eaux du Massif du Néouvielle au profit du gave de Pau. C’est le spot de repli s’il en est. Une mirifique et vaste forêt où l’on peut rider sur plus de 1000m de dénivelé les jours même d’une grosse chute ou par mauvais temps.

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DSCN3153En effet, ici les arbres nous installent bien à l’abri des gros flocons et du brouillard, on a à loisir de redescendre jusqu'à Barèges par des pales plus ou moins raides en slalomant entre les arbres. Endroit jubilatoire par excellence, il n’est pas rare d’y rider à côté d’une petite poignée d’énervés et en compagnie des animaux du coin toute la journée sans croiser deux fois sa trace… en attendant sagement que le reste du domaine devienne exploitable. Il faut profiter de ce genre de journée pour aller se remplir la panse au Tourmalet. Mais comme trop de gens le pensent, ce n’est pas chez Louisette que l’on reçoit le meilleur accueil ou que l’on mange le mieux ! Mais c’est du côté de la Laquette qu’il faut aller trouver le couvert ! Cette grande et sympathique cantine est devenue, depuis quelques années et sa reprise par Eric et Fanny, le rendez-vous des riders du coin. On peut y boire de la bière jusqu'à plus soif et surtout manger des plats LOCAUX tous les jours de la saison pour des prix plutôt doux comparé aux autres restos de stations.

Dès que le beau temps revient, on peut remonter un peu sur Super Barèges pour du bon gros ski. Grandes pales, petits ou grands couloirs, faces raides ou champs de neige, il y a vraiment de quoi tracer et exploiter sur ce versant du col. Une bonne paire de peaux fait tout de suite doubler de volume le domaine hors-pistes du spot. Ce qui devient fort appréciable les jours de forte affluence où nos amis Ibériques se retrouvent en grand nombre de ce côté du Tourmalet, notamment vers le snowpark qui est loin, il faut l’avouer, d’être à la hauteur d’une telle station bien qu’il aille en s’améliorant. Un paradoxe veut d’ailleurs que l’on attire ici le snowboarder grâce à l’aura de Mathieu Crepel, la star locale, mais qu’on lui refuse pourtant l’accès à certains TireCuls ?!!!

Antoine

 

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On peut aisément rider caché et faire encore sa trace quelques jours après une bonne chute mais tout ceci commence également à se perdre. Le Tourmalet souffre, pour nous autres locaux, de sa réputation de spot freeride et il y a de plus en plus de monde !!!

Le gâteau étant difficile à partager, nous devons donc émigrer épisodiquement sur l’autre versant. La Mongie est la contradiction totale de Barèges. Village touristique construit exclusivement pour la station de ski, sans charme et sans âme avec ses barres de bétons. Mais tous les spots sur terre ne peuvent malheureusement pas être de jolis petits écrins de pierres et de terre… Mais ici aussi, à la Mongie, il y a de quoi faire…

Notamment dans le secteur des œufs, secteur certes couru mais au combien taillé pour bien envoyer en freeride : barres à sauter, petite goulée, faces qui penchent… Le spot est également bien plus grand si l’on marche un peu et de grands itinéraires de plus de 1000m de déniv s’offrent à nous. On peut même rallier la petit sœur Auroise de Saint-Lary. Cette dernière avait, d’ailleurs, failli être reliée au Tourmalet dans les années 80 ce qui aurait offert, alors, le plus grand domaine des Pyrénées et ce serait nommé MONBARY (cf. : Verte et blanche la Mongie, de Marcelin Berrot). Domaine gargantuesque certes mais si ce  n’est pour la balade à quoi bon d’aussi gros spots ?! Quand on voyage, on voyage ! Mais quand on est chez soi, on aime bien récidiver souvent, refaire les mêmes runs, les skier différemment selon les conditions du moment, en connaître le moindre cm² afin de l’apprivoiser au mieux, de le rider quasi les yeux fermés !

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Il y a de la vie au Tourmalet et on n’y est pas tout le temps anonyme notamment en haut du Pic du Midi. 1er promontoire des Pyrénées en venant de la plaine. Dès le tout début du XVIIIe siècle, le sommet du Pic est connu pour être un lieu d'observation astronomique. Un premier téléphérique, dédié au transport du personnel, est installé en 1952; il permet d'atteindre le sommet en toute saison. C’est, donc, tout naturellement que Le Pic du Midi est devenu un des temples pyrénéens du ski de pente raide et du freeride depuis son ouverture aux skieurs voilà quasiment 10 ans et depuis son ouverture sans encadrant depuis 2 saisons. En effet, même si de plus en plus de monde parcourent les pentes du Pic depuis son ouverture au public, rares sont ceux qui s’attaquent aux faces les plus engagées et les plus raides ! Ces riders se comptent sur les doigts des deux mains (et peut-être des pieds aussi quand même), tout le monde là-haut se connaît. Des pales mythiques en partant du plus célèbre : le couloir des poubelles puis la cuenta, la pale à pierrot, les murets blancs, le couloir de l’ours, cosmos 1999, la coume feret, le jardin botanique, la roche noire, le dièdre d’Oncet et tous ceux qui n’ont pas encore trouvé de nom ou de riders pour les déflorer ! Bref, il faut « se faire un Pic » comme on dit par chez nous, sans forcément engager la viande mais se laisser glisser légèrement sur la belle face Sud, le lendemain d’une jolie chute ou alors en fin de saison sur la neige de printemps. Et rien que le point de vue fantastique, ouvert sur le fond de chaîne, vaut à lui seul le voyage à bord du vaisseau des étoiles.

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En résumé, le Tourmalet ne peut pas laisser indifférent, entre paysages sauvages et ultra fréquentation, entre bonnes combes cachées pendant 3 jours et hors-pistes classiques tracés en 10 min. On ne peut rester indifférent… Alors on aime ou on déteste selon que telle ou telle face de cette dualité nous saute le plus aux yeux !

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Publié dans Trips-Spots-Balades

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