Bosnie, la poudre au yeux

Publié le par guillaume

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(Sarajevo sous la neige)

Bosnie Herzégovine

En partant skier en Bosnie, je m’étais promis que je ne parlerais pas du conflit des années 90 alors même que c’est le conflit qui m’a le plus marqué dans ma vie car proche de chez nous et surtout parce que nous étions de simples observateurs laissant les carnages se dérouler sans broncher à 2h d’avion de Paris. Mais également parce que quelques année plus tôt, les Jeux Olympiques d’hiver s’y étaient déroulés et que, les JO, je venais à peine d’y plonger de plein fouet avec ceux de Barcelone: Marie Jo Perec, Linford Christie, Carl Lewis, La Dream Team, les Barjot…


 Le rassemblement des peuples de la terre pour un mois de fête laissait place 4 ans plus tard à la désolation… L’esprit de l’olympisme et  tout ce que cela peut véhiculer avait alors volé en éclat :  « Mettre partout le sport au service du développement harmonieux de l’homme, en vue d’encourager l’établissement d’une société pacifique, soucieuse de préserver la dignité humaine » (Coubertin).


 Je m’étais dit : « il faut mettre en lumière simplement ce qu’a de beau à offrir ce pays. » Mais force est de constater que même si la Bosnie est un fantastique et magnifique pays, on ne peut pas venir à Sarajevo et faire fi de tout ce qui s’est passé entre 1992 et 1995, pour la simple et bonne raison que les stigmates sont encore (bien) visibles 20 ans après la fin du conflit. Tout est encore dans les têtes et  le sujet est encore sensible. On sent que tout est encore à vif, qu’il ne faut pas aborder le sujet si on ne nous y a pas invités et qu’il faut bien évidemment éviter de prendre parti. Cela s’avère d’autant plus difficile que notre voyage se déroule 10 jours à peine après les attentats de Charlie Hebdo et que forcément les gens sachant que nous sommes Français nous parlent de ça, surtout que la Bosnie est le plus grand pays musulman d’Europe. Les Bosniaques (musulmans slaves d’ex-Yougoslavie) à ne pas confondre avec les Bosniens (habitants de la Bosnie Herzégovine) vivent comme 99% des religieux du monde entier, pratiquants ou non, leur culte dans la plus grande tolérance, le respect et l’ouverture d'esprit à l'égard de ceux d’une religion différente.


Mais quand on a intégré tout ça et qu’on commence (un peu) à l’assimiler, on s’aperçoit surtout que la Bosnie, et encore plus Sarajevo, sont des endroits fantastiques. Tout d’abord car la ville est entourée de montagnes et proche de plusieurs centres de ski mais également car la ville est magnifique, empreinte et chargée d’histoire à chaque coin de rue. C’est une ville à taille humaine à peine à 30 minutes de deux stations de ski. Surnommée la Jérusalem d’Europe, c’est une petite capitale au charme incomparable. Encaissée dans les montagnes, la vielle ville offre au regard toute la richesse historique et sa tradition de mixité absolument unique en Europe : pendant des siècles, musulmans, orthodoxes, catholiques et juifs y ont vécu en bonne harmonie. Trouver dans la même rue, à quelques centaines de mètres d’écart, une mosquée, un temple orthodoxe, une église et une synagogue est une expérience unique.

 

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Bref on tombe facilement amoureux de cette jolie capitale dont  les habitants si sympathiques et singuliers tout particulièrement si l’on aime l’ambiance des Balkans.


Y voyager c’est un peu comme revêtir un costume d’explorateur, le tourisme ne s’y développant que depuis quelques années.


Après un voyage sans encombre (c’est assez rare pour le préciser) nous optimisons notre première après midi en commençant par visiter Sarajevo, qui finira par (presque) ne plus avoir de secret pour nous à la fin du séjour. Notre hôtel est à 10 minutes à pieds de la vieille ville, qui fait également office de cœur de ville, nous pourrons à loisir visiter les sites et monuments intéressants comme faire le tour des bars, restos et « bars » à chicha (bars sans alcool)…


Pour notre première journée nous choisissons la station deBjelasnica.

 

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Il vient de neiger 20 cm, ce sera le cas quasiment tous les jours du séjour…


Nous découvrons tranquillement ce petit domaine et pour l’équivalent de 12.5€, nous avons affaire à une petite dizaine de pistes mais, surtout, à 800m de déniv avec pas mal de possibilités de hors pistes, notamment en forêt mais aussi quelques jolies pales ouvertes. Nous n’aurons pas trop à loisir de visiter le haut du domaine et de naviguer sur les crêtes car, malheureusement, nous n’aurons que peu d’éclaircies durant le séjour.


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Pas grave ! : il y déjà de quoi faire en forêt et par gravitation directe surtout qu’ici le freeride n’est pas le sport national. Nous sommes pour ainsi dire seuls à tracer cette jolie couverture de poudreuse et ce sera comme ça tous les jours. Les pistes sont quant à elles superbes, longues et joueuses à souhait avec quelques portions raides et techniques. Ils n’ont pas encore eu la mauvaise idée de niveler tout ce qui peut l’être pour accueillir les skieurs médiocres comme ça commence à beaucoup se faire chez nous.

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Il faut dire que l’on skie en Bosnie comme chez nous dans les années 80 : « tranquillou » ! On vient profiter d’une journée à la neige. Pas de frime, pas de prise de tête, pas de course à la trace, pas de go pro, pas de compet des plus gros fat ou de la tenue la plus belle… Bref ça a tout du ski insouciant de notre enfance/adolescence que l’on regrette…

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(Journée détente au ski)

Nous passerons plusieurs journées superbes ici… mais il faut faire gaffe car les mines sont encore présentes sur la montagne de Bjelasnica…

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Nous irons faire un saut juste à côté au Mont Igman où avait lieu les épreuves de ski nordique, avec les tremplins et surtout LE podium lors des JO. Car si je n’ai, pour ma part, aucun souvenir des JO de Sarajevo, Fabrice, quant à lui, en a des tonnes, car il s’agit pour lui, des 1er JO qu’il avait suivi assidument. C’était donc comme une sorte de pèlerinage pour lui (même s’il ne s’en est rendu compte qu’une fois sur place) et l’émotion fut vive au moment où nous avons mis les pieds sur le podium des JO puisqu’il faut bien l’avouer, nous avions tous deux, dans notre jeunesse, des rêves Olympiques. Pourtant une fois de plus, on est vite rattrapé par l’histoire puisqu’ici aussi les conflits ont fait rage. Le bâtiment des officiels avait été réquisitionné par l’ONU durant le conflit et, à quelques centaines de mètres, l’hôtel des athlètes a été complètement ravagé. On a l’impression que chaque colline et chaque centimètre carré étaient stratégiques et défendus ardemment…

 

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(Hotel des athles à Igmann)

 

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Jahorina

 

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La deuxième station des JO de Sarajevo est située au sud Ouest, à 30 kms de la ville, en républika Srpska. C’est la plus importante et c’est ici que viennent les Serbes de Bosnie et de Serbie. Les stigmates de la guerre sont encore visibles et il n’est pas rare de voir de nouveaux bâtiments se construire à côté d’édifices  en ruine. Toutefois le domaine est vraiment sympa, avec une 15aine de pistes et 700m de dénivelé. Du freeride accessible par gravitation en pagaille, du ski de forêt (moins intéressant que sur Bjelasnica) et des possibilités en rando assez énorme, avec des runs rentabilisés par de vraiment petites approches. Ici non plus nous n’aurons pas trop le loisir d’exploiter le haut du domaine… Météo oblige : neige quasi tous les jours et simplement une ½ journée de beaux temps… Il y a quand même de quoi faire et avec une livraison de fraîche quotidienne, on a largement eu de quoi se rassasier sans aller chercher les grands itinéraires. Vraiment un chouette domaine, un peu plus moderne en terme de RM que Bjelasnica et ce pour à peine une 15aine d’euro la journée…

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Bref nous aurons droit à du super ski, dans une ambiance plus que cool, avec de la neige tous les jours et on est loin d’avoir exploité tout ce qu’il y a d’exploitable, surtout que le secteur regorge d’itinéraires de ski de rando assez faciles. Il y a même la possibilité de skier en banlieue -car tout est vallonné ici- lors des plus belles chutes en ville. Nous aurons d’ailleurs droit à une petite chute sur Sarajevo et, force est de constater que, sous la neige, cette ville est encore plus magnifique ! Et dire que nos amis Bosniens se plaignent d’une mauvaise année en terme de neige (ils n’ont pourtant pas de canons et tout est enneigé). Ils ne savent vraiment pas ce qu’est une mauvaise année, une année sans neige où l’on racle les cailloux à chaque run…

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Nous aurons également rencontré un peuple tranquille et accueillant. Des gens toujours prêts à  bavarder avec sympathie et gentillesse. Et, même si la guerre des années 1990 a compliqué la vie, l’authenticité sera toujours au rendez vous. La bonne nouvelle c'est que Sarajevo acuillera les Festival Olympique de la Jeunesse Européenne de 2017 !!!

 

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Hotel Saray Bosna au top, bien situé à Sarajevo avec un patron super sympat: link


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T
Super! Tu étais monté comment à la montagne? sommes à sarajevo en ce moment nous aimerions aller skier mais il dur de trouver des infos concernant le transport jusque jahorina...
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G
Hello<br /> les transports en commun relie la capitale aux deux stations. Nous avions choisi de louer une voiture pour êtres independant
A
Merci pour ce voyage, j'y vais!
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